Protégeons la beauté du ciel nocturne

La première bourgade éclairée à l’électricité fut Wabash (320 habitants dans l’Indiana aux Etats-Unis) le 31 mars 1880. Depuis, des millions de lampadaires illuminent les rues des villes. Cette luminosité artificielle cache la lumière naturelle des étoiles et ronge les zones d’obscurité naturelle. Pour la première fois, une équipe de chercheurs américains, italiens, allemands et israéliens publie un atlas mondial d’une extrême précision. Les scientifiques ont utilisé les images du satellite Suomi NPP en orbite polaire, exploité par la National Oceanic and atmospheric administration (NOAA), croisé avec de nombreuses mesures effectuées au sol. Les résultats sont publiés dans Science advances.

 

 

Les résultats collent à l’occupation humaine de la planète. 83% de la population mondiale vit donc désormais sous un ciel pollué où la Voie lactée est invisible. 99% des Américains et 99% des Européens ont perdu le contact visuel avec notre galaxie. Si l’on traduit ce phénomène en lux, unité de mesure du flux lumineux reçu par une surface éclairée au m², la nuit naturelle sans lune par ciel clair produit 0,001 lux, la pleine lune 0,1 à 0,2 lux, et l’éclairage public dans les rues 10 lux !

 

 

La pollution lumineuse est la plus intense dans des pays comme Singapour, l’Italie et la Corée du sud tandis que le Canada et l’Australie gardent les ciels les plus noirs. En Europe de l’Ouest, seules quelques petites zones de nuit noire perdurent principalement en Ecosse, en Suède et en Norvège. Malgré leurs vastes plaines, les Etats-Unis subissent une pollution lumineuse sur la moitié de leur territoire. Les pays les moins affectés sont le Tchad, la République Centrafricaine et Madagascar où les trois quart de la population vit sous un ciel naturel.

 

 

Dans les pays développés, ce sont les astrophysiciens professionnels et amateurs qui ont alerté sur la disparition des zones où les étoiles peuvent être observées. Mais les conséquences sur la nature et la santé humaine sont autrement plus importantes. Ainsi, 30% des vertébrés et 60% des invertébrés sont nocturnes. L’éclairage perturbe leurs rythmes biologiques, provoque d’importantes mortalités et affectent les routes migratoires. En matière de santé, le Commissariat général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) a émis en 2014 un rapport alertant sur « la perturbation de plusieurs fonctions métaboliques par le biais de désynchronisations hormonales ».

 

 

Si l’on s’en tient simplement à la France, la situation s’est fortement aggravée ces deux dernières décennies. Entre 1992 et 2012, le nombre de points lumineux d’éclairage public a augmenté de 89% pour dépasser aujourd’hui les 11 millions. La durée moyenne d’éclairement est passée, elle, de 2100 à 3300 heures par an. Les chercheurs mettent en garde contre les effets pervers des nouvelles technologies. Ils montrent ainsi que le remplacement des éclairages actuels au sodium par des LED en Europe aggraverait la pollution parce que ces techniques plus économes en énergie sont aussi 2,5 fois plus émettrice de lumière.

 

 

Les auteurs de l’étude gardent cependant espoir dans les nouvelles technologies et notamment la diffusion des éclairages diminuant automatiquement leur intensité lorsqu’il n’y a pas de circulation, et citent même les voitures sans chauffeur qui rendront inutiles l’éclairage public. Ils considèrent enfin comme non prouvée l'idée que l’éclairage de nuit réduit la criminalité.

 

Voici une photo d'un type d'éclairage inadéquat, la lumière est dirigée vers le haut et n'éclaire presque pas le sol.

Voici maintenant un éclairage adéquat pour l'astronomie. On remarque que le cône de lumière est dirigé vers le bas et non vers le haut.

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